Quels sont les différents types de chirurgie du colon ?
Comment choisit-on entre les différentes techniques ?
Dr V. Desfourneaux, Service de chirurgie hépatobiliaire et digestive – Hôpital Pontchaillou – CHU Rennes
Les patients ayant une mutation responsable d’un syndrome HNPCC/LYNCH sont exposés à un risque très important de cancer du côlon et du rectum au cours de leur vie. Ils doivent donc, s’ils sont identifiés, faire l’objet d’une surveillance régulière pour diminuer ce risque. Quand un patient présente un polype qui ne peut pas faire l’objet d’une résection endoscopique ou un cancer du côlon, une intervention chirurgicale est alors requise pour faire le traitement de ce polype ou de ce cancer. Se discute alors l’opportunité de prévenir le risque de survenue sur le côlon d’un autre cancer du côlon ou du rectum.
Quels sont les différents types de chirurgie du colon ? L’objectif de la chirurgie est de réaliser l’ablation de la tumeur du colon, en emportant une portion saine du colon (au moins 5 centimètres) et en y associant un curage ganglionnaire. En effet, la qualité de l’exérèse chirurgicale est un facteur pronostique de récidive locale et de survie. Une fois la portion du colon atteinte enlevée, la continuité digestive est effectuée soit de façon manuelle (à l’aide de fils) soit de façon mécanique
Dans de cas plus rares, le chirurgien peut être amené à enlever l’ensemble du colon et rétablir la continuité en réalisant une anastomose entre l’intestin grêle terminale et le rectum : on parle de colectomie totale. La colectomie, segmentaire ou totale, peut être faite par chirurgie conventionnelle (laparotomie) ou par cœlioscopie. La cœlioscopie donne moins de douleurs postopératoires, permet une reprise plus rapide du transit intestinal, aboutit à une durée d’hospitalisation plus courte.
Comment choisit-on entre les différentes techniques ? Il n’y a pas d’étude qui ait pu démontrer qu’entre une résection classique qui n’emporte qu’une partie du côlon, celle où se trouve le cancer, et qui serait suivie d’une surveillance endoscopique tous les 2 ans ou une ablation complète du côlon qui nécessiterait alors qu’une surveillance du rectum, il y ait une différence en terme de survie, de complication de la chirurgie ou de retentissement sur la qualité de vie.
Il a été démontré que plus le cancer se développe à un jeune âge et plus le cancer était pris en charge quand il était petit et plus le bénéfice d’une colectomie totale cherchant à prévenir le risque de survenue d’un second cancer était important. Colectomie totale et segmentaire ont une mortalité postopératoire identique, entre 0,6 % et 3% suivant les études, et un taux de complications postopératoires identiques. Par contre, la colectomie segmentaire donne un meilleur résultat fonctionnel et une meilleure qualité de vie, même si les études dont nous disposons pour le démontrer ont un niveau de preuve assez faible.
La décision sera prise en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) en fonction de l’âge du patient, des antécédents de la famille et sûrement dans l’avenir de l’anomalie du gêne identifié.
Il n’y a pas d’indication à faire une colectomie préventive chez un patient ayant un syndrome HNPCC/Lynch et indemne de tout cancer du côlon.
Dr Véronique DESFOURNEAUX – CHU Rennes – 2013