L’endoscopie digestive a fait ces dernières années des progrès considérables et cela s’est vu au travers des démonstrations retransmises en direct lors de l’édition du VideoDigest qui vient de se tenir au Palais des Congrès à Paris les 6 et 7 Novembre 2008.
La qualité de l’image endoscopique est actuellement à la hauteur des meilleurs appareils Haute Définition tels les écrans plats dernier cri qui trônent fièrement dans nos salons alors qu’une image d’une telle définition était encore inimaginable il y a seulement 3 – 4 ans.
Tout ce progrès vient servir la précision de l’examen et rendre l’analyse de la muqueuse du colon plus facile avec un matériel qui est devenu pour tout gastro-entérologue le standard actuel.
En effet, tout équipement endoscopique récent est équipé en série des perfectionnements nécessaires pour obtenir une grande image, en haute résolution et avec un grand angle de vision. Donc tout cela est accessible au plus grand nombre et quelque soit la marque même si la technologie diffère parfois, le résultat est là et ça se voit.
La qualité et la belle image devient ainsi chose courante comme nous nous sommes habitués à disposer d’une direction assistée , d’un airbag ou de l’ABS dans nos voitures modernes.
De plus , l’ergonomie des endoscopes s’est encore améliorée et le risque de coloscopie incomplète devient minime avec des taux d’examen complet jusqu’au fond coecal atteignant 95% dans les études récentes. Et ceci s’accompagne heureusement d’une très bonne sécurité d’examen puisque le taux de complications reste nettement inférieur à 1/1000.
Ceci dit le maillon faible de la coloscopie reste encore la préparation avec près de 30% de colons mal nettoyés car celle-ci reste astreignante et souvent mal perçue mais exceptionnellement risquée. Si l’absorption de 3 à 4 litres de solution de PEG reste la règle associée à un régime sans résidus au moins la veille de l’examen, d’autres possibilités peuvent être proposées pour améliorer le confort des patients et donc l’acceptabilité de cette mesure obligatoire. Tout d’abord , il est reconnu qu’il vaut mieux pour des raisons de tolérance et d’éfficacité diviser la préparation en 2 prises ou « split cleansing » avec un intervalle qui peut aller de quelques heures à toute un nuit (prise la veille au soir puis le matin de l’examen). Cependant il faudra toujours terminer la prise de liquide au moins 3 à 4 heures avant la coloscopie lorsqu’une anesthésie générale est programmée, ce qui complique un peu la pratique de cette préparation en 2 prises pour les examens du matin mais qui est bien adaptée à ceux programmés plus tard ou dans l’après-midi.
D’autre part certains produits associant solution PEG et ascorbate (MoviPrepÒ) nécessitent des quantités plus réduites (2 litres) et ont une meilleure acceptabilité pour une qualité de préparation équivalente. Enfin l’utilisation de soluté laxatif phosphate mono-sodique commercialisé sous le nom de FleetÒ permet d’éviter la prise de grande quantité de solution PEG mais nécessite de séparer les 2 prises d’au moins 8 heures et de boire abondamment des liquides de son choix (au moins 2 litres).
Quoiqu’il en soit cette préparation doit être parfaite en particulier au niveau du colon droit puisque c’est à ce niveau qu’il faut craindre l’apparition de lésions planes parfois difficiles à détecter et dont le risque de dégénérescence est élevé.
C’est dans ce but qu’il est recommandé de réaliser une coloration de la paroi colique en pulvérisant une solution de Indigo-carmin, de couleur bleu-violet, qui va augmenter le contraste naturel et améliorer la visibilité des anomalies de relief de la muqueuse. Ce temps d’examen, appelé chromoendoscopie, est indispensable en particulier sur le colon droit.
Les appareils actuels ont apporté en plus de leur excellente résolution, la possibilité de modifier électroniquement la colorimétrie de l’image afin de créer une véritable coloration électronique avec une grande facilité de mise en oeuvre. Ces techniques très prometteuses sont en cours d’évaluation et pourraient permettre à terme de remplacer la coloration à l’indigo-carmin qui rallonge sensiblement le temps d’examen. Un autre intérêt serait de pouvoir caractériser les polypes dont certains purement inflammatoires et donc sans risque peuvent être laissés afin de consacrer tout son temps d’examen à la recherche des polypes à risque ou adénomes qui eux doivent impérativement tous être enlevés.
Le progrès est en marche et les gastro-entérologues ont fait les efforts nécessaires à la fois pour se former et pour s’équiper afin de proposer à leurs patients le meilleur de l’endoscopie dès maintenant. Nous sommes conscients que réaliser une coloscopie reste entourée de contraintes mais nous travaillons encore pour améliorer les conditions de préparation en collaboration avec l’industrie pharmaceutique. L’arrivée de techniques d’explorations peu invasives comme le colo-scanner ou la vidéocapsule pourrait modifier les règles très astreignantes de surveillance des patients à très haut risque de cancer du colon mais il est encore beaucoup trop tôt pour leur faire jouer un rôle dans la stratégie de prévention.
Il serait donc très imprudent à l’heure actuelle de vouloir remplacer la coloscopie par de tels examens insuffisamment évalués et qui de toute façon présentent les mêmes inconvénients de préparation.
Christian BOUSTIERE – Président de la SFED – Novembre 08